Confidences
La photo m’a accompagné depuis le début de l’adolescence. Avec une boite de biscuit « Brun », l’optique d’un Kodak à soufflet et une colonne de ferraille fauchée sur un chantier. A l’époque, on achetait en droguerie les produits nécessaires à l’élaboration des bains. Et puis, il a fallu vivre les images plutôt que de les faire. Beaucoup plus tard, l’argentique a laissé la place au numérique. Bouderie… normal ! L’impression qu’il n’y avait plus la noblesse ni le mérite de l’artisan.
Pour découvrir un jour que la photographie opérait une mutation. La facilité apparente de l’automatisme des appareils et de la production d’images imposa plus de recherche, d’exigence et de motivation à dire quelque chose en les faisant. Une nouvelle magie était à portée de regard et d’invention. Une évolution comparable à ce qu’avait été celle de la peinture cent ans plus tôt, en somme…
Si la photographie est une illusion de la réalité, elle doit suggérer la métaphore qui éveille notre réalité intérieure. Les gens, les objets, les moments et les lieux ne continuent à exister que si on les photographie. Et la photo devient à son tour objet. Mais pas un objet inanimé. Quelle violence dans une photographie qu’on déchire !
Moi, je photographie ce que je voudrais pouvoir peindre et mettre en mots. Et souvent, je ne le fais que parce que j’en ai envie ; un peu comme quand on va au cinéma sans savoir quel film, qu’on espère bon, on va découvrir. J’ai toujours aimé raconter ou écrire des histoires. Avec la photographie, j’ai retrouvé ce plaisir et je ne cherche, pour l’heure, que la trace de l’humain sur les objets. Plus tard je me consacrerai aux traces du vécu sur les humains. Il faut pour cela être un peu écrivain avec pour stylo la lumière et quelques millions de bits. Après avoir posé l’appareil, on attrape le clavier de la machine informatique et on continue l’élaboration de l’image, la transformation du moment figé désormais porteur du passé, d’un présent et du ressenti qui l’accompagne.
C’est ce que je vous invite à faire en ma compagnie…
Bernard Mosettig