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« La plus belle définition de la sculpture que je connaisse est celle de Gilioli: "la sculpture c'est un fruit sur un arbre que la sève pousse de l'intérieur, et il éclate dans la lumière". Quand je l'ai découverte, il y a près de trente ans, je me suis rendu compte que cette définition était toute proche de ma façon de travailler. Sculpteur de terre, quelles que soient les argiles que j'emploie, l'évolution reste toujours la même. Au départ, une idée, un bout de dessin, un caillou, très peu de chose, une racine, puis cela pousse, monte, grandit avec cette vision que j'ai en moi de la croissance, de la force contenue du bulbe et du bourgeon, latente, puissante, discrète, inéluctable, et, quand le temps est venu, ça s'épanouit comme l'éclosion d'un oeuf dans la lumière. Et cette lumière indissociable, joue avec les ombres selon les heures, le temps, et ça n'en finit pas.
Ma recherche actuelle est toujours orientée vers la cavité, le creux... Faire des pièces dans lesquelles on peut entrer, se nicher, se blottir... Mon travail commence par une recherche en petit format, que j'agrandis par la suite si la pièce semble pouvoir le supporter. Mes architectures de terre sont influencées par le monde végétal et minéral, et par l'incomparable organisation du corps humain, avec sa force, sa douceur, sa sensualité. Depuis vingt ans mes sculptures de grès sont cuites dans un four à bois de 3m cube, à 1280 ou 1300 degrés. Un second four de 7m cube, qui fonctionne également au bois, me permet d'augmenter la taille de mes pièces monobloc monumentales, Mon atelier n'a pas d'équipement sophistiqué. Je ne tourne pas, et jusqu'ici je prépare mes pâtes fortement chamottées, à la main. »

Parcours

Etienne Magen est né à Reims en 1934.

Il a passé son enfance et son adolescence dans le Sud-Ouest d'où sa famille paternelle est originaire.
Arrivant à Paris en 1955, il a suivi durant cinq ans les cours du soir de la Ville de Paris en dessin et modelage avec Bernard Mougin ainsi que les cours de sculpture de l'Ecole des arts appliqués avec Debus et Volti.
La fréquentation assidue des musées de Paris lui fera découvrir la sculpture antique de l'Egypte, de Sumer et de l'Inde et c'est de sa fascination pour les œuvres de Henri Laurens et de Henri Moore que naît son attrait pour la sculpture monumentale.

Il fait sa première exposition personnelle en 1959 chez
Ror Volmar.

En 1962, il quitte Paris, s'installe près de Blois et continue à participer aux salons parisiens ainsi qu'à des expositions internationales. Il est nommé professeur à l'Ecole des beaux-arts de Blois où il enseigne la sculpture et le modelage pendant 20 ans.

Sa première pièce d'extérieur de grande dimension en grès au grand feu sort de son four en 1976. Et depuis, sa recherche céramique se poursuit avec la réalisation d’œuvres monobloc monumentales. Il travaille rigoureusement la composition de ses « pâtes » qui avec l'intime participation du feu donneront les couleurs définitives à ses grès.

La pratique de l'ébénisterie a ancré en lui une rigueur architecturale solide et lui a donné l'amour du bois qui est aussi un de ses matériaux de prédilection. Il taille de grands volumes dont les formes sont inspirées par les courbes de la femme et les éléments minéraux et végétaux de la nature.
Il a fait de nombreuses expositions personnelles en région Centre, à Paris, dans plusieurs autres régions de France, en Allemagne et en Belgique.